Vera Molnar - exposition Signature VM
« Toutes les méthodes sont bonnes si elles satisfont ma curiosité. Je ne suis pas une orthodoxe du constructivisme », VM
Constructive, son œuvre l’est pourtant à bien des égards. L’artiste élabore des systèmes purement visuels. Les éléments plastiques simples, la ligne, le carré s’y déclinent selon le principe de la variation. Regardant du côté de l’esthétique, elle dit son attachement à la théorie de la Gestalt : chacune de ses pièces interroge le moment où la construction devient forme.
Vera Molnar est l’inventeur d’une pratique de la série qui fait d’elle un précurseur du minimalisme. Ses programmes, l’artiste les appelle ses « règles du jeu ». Elle explore par exemple les possibilités de variations de deux parallèles dans une trame carrée, dans une recherche inlassable de la pièce manquante. Dès les années 1960, l’ordinateur devient un allié privilégié de la « machine imaginaire » de l’artiste : il montre, d’un seul coup d’œil, l’étendue des possibles. « Grâce à l’ordinateur, on approche de soi-même », dit-elle, on trouve plus rapidement la forme que l’on aime.
La dimension de hasard intervient alors. Une fois le principe pictural établi, l’ordinateur lui indique une multitude de constellations qu'elle n’attendait pas et le dessin, souvent repris à la main, choisit librement son tracé. Les variations infimes vont jusqu’au désordre, au tremblé. La couleur est un autre facteur de modification de la forme.
L'artiste parle de ses travaux comme de perpétuels « repentirs », tentatives recommencées chaque jour. Car il faudrait aussi se repentir de faire de l’abstrait, ajoute-t-elle d’un air amusé.
Vera Molnar s’échappe de la pure géométrie, veut « prendre un peu d’air ». Elle n’en affirme pas moins un refus toujours plus grand du symbolisme. Ses signes ne sont pas des lettres. Ils ne se lisent pas.
Elle raconte d'autre part l’importance de la vitesse dans sa pratique des « Signatures », celles qu’elle inscrivait autrefois avec ennui sur les sérigraphies. Les initiales se déforment, deviennent signes.
L’artiste dit son intérêt pour le monogramme de Dürer, a intitulé une série d’œuvres M comme Malevitch… Elle ne s’étend toutefois pas sur les références. Cette série gagne pourtant une large place dans le « journal intime » de l’artiste, journal de bord dans lequel elle fait ses lignes quotidiennes. Une part de subjectivité est avouée à demi-mot lorsqu’elle affirme que « toute sa tête » est présente dans ces cahiers…
Quelques semaines après la fin de son exposition personnelle au Centre Pompidou Paris, l'exposition "Signature VM" revient sur le rapport de Vera Molnar avec l'écriture et les lettres de l'alphabet : ses études, sa signature VM et ses derniers travaux.